Awinkāa Tribe

Décès d'Albert Woodfox, Black Panther, Angola 3 et révolutionnaire jusqu'à son dernier souffle.
6 août 2022, nous apprenons le décès d’Albert Woodfox.
J’ai eu la chance de rencontrer Albert Woodfox à sa sortie de prison. C’était à la Bourse du travail, à paris, le 15 novembre 2016, lors d’un événement organisé par Amnesty International. Il était accompagné de Robert King. Deux des Angola 3.
Hormis le fait d’avoir la chance de rencontrer une légende de la lutte des Black Panthers, ce qui m’a le plus marqué, c’est le discours d’Albert Woodfox. Il venait de sortir de prison, il avait passé 42 ans à l’isolement, et il était déçu. Déçu de nous. Des combats que nous n’avions pas mené, de la relève que nous n’avions pas su prendre. Il avait cependant une lueur d’espoir avec l’émergence du mouvement Black Lives Matter.

43 années à l’isolement
Reconnu coupable de vol à main armée, Albert Woodfox a été incarcéré au pénitencier d’Angola, en Louisiane. Cette prison tire son nom de l’ancienne plantation sur laquelle elle se dresse. Lors d’une émeute, un gardien blanc est tué. Woodfox est accusé.
Ce meurtre, il le niera toute sa vie.
Il est placé à l’isolement en 1972, tout comme Herman Wallace et Robert King. C’est la naissance des Angola 3. Trois hommes qui passeront plus de 40 années à l’isolement.
Woodfox a passé 43 années dans une cellule de 6 m2, 23 heures par jour, endurant claustrophobie, gazages, passages à tabac et autres formes de torture.
« 43 ans et dix mois »
Les trois hommes, militants du Black Panthers Party, s’organisent. Ils fondent la première section du parti en milieu carcérale, militent derrière les barreaux pour de meilleures conditions d’incarcération, contre le racisme et l’esclavage sexuel des prisonniers, en particulier des prisonniers noirs, qui est rependue.
Woodfox et King consacreront leurs vies d’homme libre à plaider contre l’isolement carcéral qui sévit toujours dans les prisons américaines.

Éduque-toi toi-même !
Nelson Mandela, Martin Luther King, Malcolm X… Woodfox dévore leurs biographies et en tire toutes sortes d’enseignements. Il façonne son esprit et sa philosophie, épluche les journaux pour être au fait des actualités et grâce à ses proches, qui ne l’ont jamais abandonné, grâce à son frère qui lui rend visite une fois par mois, il ne perd jamais l’espoir d’être à nouveau libre un jour.
Albert Woodfox a été libéré le jour de ses 69 ans, en 2016. Ses acolytes, respectivement en 2001 pour Robert King et en 2013 pour Herman Wallace, qui, malade, décédera trois jours plus tard.

Quel rapport peut-il y avoir entre Awinkāa Tribe, les Black Panthers et feu Albert Woodfox ?
La première chose qui nous rassemble c’est, je pense, une détermination et une soif de justice sociale.
Ensuite, l’idée qu’avec l’éducation, de nouvelles portes s’ouvrent. Des portes qui mènent vers un meilleure futur, une meilleure compréhension de soi et du monde qui nous entour.
Enfin, l’idée que l’éducation existe sous différentes formes, elle est partout et nous avons le devoir d’en défendre toutes les formes (auto-éducation, transmission des savoirs ancestraux, langues autochtones)…
Pour conclure, j’aimerai avoir une petite pensée pour Albert Woodfox : ne soyez pas déçu, nous continuons à mener les combats que vous pensiez perdus.
We Are All Earthkeepers – Awinkāa Tribe
